Angelo Bordello
(Couplet 1)
Aphone de naissance, il me manque des mots,
Quand je reçois une offense, je sors de mon chapeau,
Une belle arbalète, en cuir et en os,
Puis je vise les têtes, ou les cœurs s’il le faut.
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Je ne suis pas diplomate, mais si vous m’embrouillez,
C’est que vous êtes télépathes, et je me sais en danger,
Une épée dans le frontal, bouclier mal placé,
Et j’ai beau être pâle, ce n’est pas l’heure de crever.
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Pour toujours optimale, en travail de fond,
Je ne suis pas bicéphale, mais je suis sur deux fronts,
Pilotage automate, faut enlever le pavillon,
De l’assaillant phallocrate, commencez l’ablation !
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Excitée comme une bête, Méphisto, El Diablo,
J’inaugure sa fête, et le sert en plat chaud,
De l’airain en l’occurrence, c’est de la viande de taureau,
S’il veut faire connaissance, qu’il m’appelle Angelo !
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(Couplet 2)
Je suis intemporelle, je passe les générations,
Mi-Caïn mi-Abel, de toutes les confessions,
Ne faites pas dans la dentelle, soulevez mon jupon,
C’est là que je fais recel, du Chevalier d’Éon,
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En changeant le contexte, je suis restée androgyne,
J’appartiens à tous sexes, je suis toujours masculine,
Si je dois perdre la tête, je choisis la guillotine,
Car je préfère trancher net, passez-moi la morphine !
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Debout sur la sellette, à prendre de la hauteur,
Car je suis la vedette, faut me mettre à l’honneur,
Après l'office de sexte, me voilà inquisiteur,
Comprenez en sous-texte, que je suis supérieure.
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Quand je perds mon sang froid, je déverse ma colère,
En transformant mes parois, en peintures de guerre,
Je fais passer Goya, pour un commanditaire,
Parce qu'ici au sabbat, nous ne sommes pas débonnaires !
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(Couplet 3)
Je regarde vers l’avant, comme si je portais des œillères,
Car si je remonte le temps, on me traitera de sorcière,
Je serai à l’asile, pour délit d’ovaire,
Ou mise sur le gril, parce que je suis une pionnière,
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Avis aux pyrophiles, y a spectacle au village,
Ils ont le ventre vil, il leur faut du carnage,
Même si on me brûle vive, je maintiens le clivage,
Car je suis compréhensive, et j’aime bien l’éclairage !
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Sans tarder je récidive, le retour du chaos !
Attendez que je revive, que je retrouve mon couteau,
J’ai un ami qui me tend, un contrat très réglo,
Je signe avec mon sang, « Angelo Bordello ».
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(Couplet 4)
Angelo Bordello, j'ai perdu mon âme,
Et gagné au change, pas de quoi être déçue,
Je fais soixante kilos, moins vingt et un grammes,
Je descends des anges, pas de quoi être déchue.
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Angelo Bordello, c'est une anagramme,
De Belladone logor, étonnant de justesse,
Quand je récite ces mots, j'accélère la vitesse,
J'interprète les mortes, les voilà qui s'exclament :
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VENGEANCE ! VENGEANCE ! VENGEANCE !