Troisième
veine
fouaillée
28/08/2020
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Dans quelle mesure le besoin de validation nous pollue-t-il ? A-t-on jamais essayé de quantifier ce qu'on perd de soi à chaque fois qu'un regard extérieur se pose nous ? Devrait-on dire "j'ai perdu soixante grammes de moi-même en me levant ce matin, six cents en allant acheter du pain". Et comment, oh ! comment ! regagner tout son poids pour se coucher intact.e, entier.e ? Existe-t-il seulement une personne dont on pourrait prétendre qu'elle ne nous as rien pris ? Ça doit être ça, l'amour inconditionnel.
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J'ai un besoin viscéral de me sentir différente. Pas selon les critères des autres, c'est à peine si je désire qu'ils le sachent, mais selon mes propres et inatteignables attentes. Et je réalise souvent que c'est précisément ce caprice, cette obsession qui fait de moi une personne parfaitement quelconque. Voire risible, car cela suffit-il ? Est-ce que je veux me sentir différente, ou être différente ?
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Je me sens si bancale, abstraite, voire illusoire. J'hésite sur moi-même. Pourtant, je sais qui je suis. Je sais ce que j'aime chez moi, ce que j'aime moins, mais ça ne m'empêche pas de douter de ma véracité. Parfois, je crois deviner pourquoi... j'accuse l'instabilité entre ce que j'ignore de moi, et ce que les autres croient savoir ; j'accuse mon incapacité à les réconcilier. Mais, les autres...ont-ils créé quelqu'un de nouveau ? Les ai-je aidés ? J'aimerais savoir de quoi est faite l'identité.
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Pour quelqu'un qui aime écrire, les mots se déversent avec facilité. Il n'y a pas besoin de les forcer hors de soi. On peut être tenté.e, et avec raison, de retravailler le texte, de lui forger de nouvelles arabesques, mais le sens est déjà là. Il n'y a pas à le retrouver, il n'est pas volatil. Il ne s'est pas évaporé parce qu'on en a parfait l'expression.
Ce déversement, ce flot fluide ne peut être que le fruit d'émotions en cours de maturation. L'intellectualisation est dans la forme et l'ordre final qu'on donnera à nos idées. Alors le brouillon sera toujours plus vrai, car plus brut.
Si l'on se perd dans les arabesques jusqu'à semer le sens, il faut revenir au brouillon. Il faut revenir à l'essentiel pour espérer être sincère. J'espère être sincère.
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Me suis-je bien fouaillée la veine aujourd'hui ?